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HISTOIRE
Protégée par les carolingiens dès la seconde moitié du VIIIème siècle, richement dotée par les comtes catalans aux XI-XIIème siècles, l’abbaye de Lagrasse devient l’une des plus puissantes abbayes bénédictines du Languedoc. Son abbé est aussi le seigneur d’un bourg important, installé de l’autre côté de l’Orbieu dès le XIIIème siècle. Il doit négocier avec les consuls, qui représentent les villageois, pour organiser la vie de la cité. La Croisade contre les Albigeois, et la captation des donations par les ordres cistercien et templier, affaiblissent l’abbaye. A partir de 1279, l’abbé Auger de Gogenx lui redonne tout son lustre et la remodèle entièrement. Bourg et abbaye se transforment pour faire face aux désordres des XIVème et XVème siècles. A la fin du XVIème siècle, les moines, fils de la petite noblesse locale, ne respectent plus la règle. En 1662 ils refusent l’autorité de la Congrégation Mauriste, chargée de réformer l’abbaye. Les mauristes s’imposent finalement, et dirigent l’abbaye jusqu’à la Révolution. Depuis cet événement, plusieurs propriétaires s’y sont succédés et depuis 2004, une partie est « publique » et l’autre privée, occupée par des religieux.
L’ensemble abbatial
Après la construction du palais abbatial par l’abbé Auger de Gogenx au XIIIème siècle, et les aménagements du XVIème siècle, le monastère se transforme radicalement aux XVIIème et XVIIIème siècles, avec la réforme mauriste. Médiévale du côté du logis abbatial, l’abbaye est de facture classique du côté des bâtiments conventuels, sauf pour l’église abbatiale d’époque gothique et ses trois absidioles d’époque romane.
Le logis abbatial
Cet espace conçu par l’abbé Auger de Gogenx à partir de 1279 s’organise autour d’une élégante cour, dont la galerie basse dessert les pièces de service. La galerie haute, soutenue par neuf colonnes surmontées de chapiteaux ouvre sur les appartements privés de l’abbé ornés de peintures murales du XIIIème siècle. Une magnifique cheminée du XVIème siècle trône dans la salle d’apparat, la chapelle privée ouvre ses deux niveaux…
La chapelle abbatiale
Des portes ornées des armes de l’abbé de Gogenx s’ouvrent sur la chapelle basse de l’abbatiale. Son vestibule conserve des plafonds peints représentant les armes d’Auger, des hybrides et un charpentier. Au 1er étage, les murs de la chapelle s’ornent d’un Arbre de Vie et d’un Jugement Dernier. Au sol, les carreaux vernissés alternent dans un jeu coloré où se croisent signes du zodiaque et scènes de chasse, fleurs de lys et rosaces… Dans le chœur, la piscine liturgique finement sculptée happe le regard : cette piscine récupère l’eau devenue sacrée que le prêtre a utilisée pour purifier le calice.
Des maîtres sculpteurs
Quatorze éléments demeurent d’un portail en marbre blanc du XIIème siècle : ils portent la signature de l’atelier du maître de Cabestany. Le gisant d’Auger est une œuvre du sculpteur de la cathédrale de Narbonne au XIIIème siècle. Ce gisant a servi de conduit de canalisation : sa tête séparée du corps est gardée chez les chanoines de l’abbaye.
Des maîtres architectes
Le dortoir, bâti au début du XIVème siècle est un magnifique vaisseau d’architecture gothique méridionale. Dehors, son aspect fortifié apparaît avec la présence de mâchicoulis. Au Moyen-Âge, cette salle était sans doute d’un seul tenant avec le cellier et la boulangerie qui se situent en dessous actuellement. La tour-clocher est une construction de Philippe Ier de Lévis, abbé commendataire de Lagrasse et évêque de Mirepoix, pour manifester sa munificence. Le cloître et le jardin apportent une touche de confort raffiné, tandis que l’élégante ostentation de la cour d’honneur donne à l’abbaye un air de palais…